Comprendre la portée et les activités de l’industrie du tabac

L’industrie du tabac englobe toute une série d’acteurs, des multinationales aux producteurs locaux en passant par les services de soutien. Ce secteur ne se limite pas à la fabrication de cigarettes ; son champ d’action s’étend bien au-delà, influençant les politiques publiques, la recherche scientifique et même le domaine pharmaceutique. Ses activités soulèvent des préoccupations pressantes pour la santé publique mondiale.

La portée de l’industrie du tabac

Parmi les principaux acteurs du monde du tabac, quatre sociétés transnationales – Philip Morris International, British American Tobacco, Japan Tobacco International et Imperial Brands – se distinguent par leur part de marché considérable et leur présence internationale. Ces entités, ainsi que la société d’État Chinoise « China National Tobacco Corporation », qui domine le marché chinois, distribuent des milliards de cigarettes chaque année. Leurs vastes réseaux de distribution garantissent la persistance d’une épidémie mondiale de tabagisme, avec des profits en hausse au détriment de la santé publique.

Au-delà de la production et de la vente de produits du tabac, l’industrie est soutenue par une chaîne d’approvisionnement complexe, allant des cultivateurs de tabac aux fournisseurs de services logistiques. Ces secteurs d’appui jouent un rôle essentiel dans le maintien des opérations étendues de l’industrie. Tout aussi importantes sont les diverses entités qui collaborent avec l’industrie sans s’impliquer directement dans la production ou la vente de produits du tabac. Ces alliés peuvent aller de groupes commerciaux soutenant ouvertement les intérêts de l’industrie à des organisations dont les titres trompeurs suggèrent une position contraire à celle de l’industrie. Par exemple, des fondations de lutte contre le tabac sont affiliées à l’industrie du tabac, ce qui complique la perception de ces groupes par le public.

Un portefeuille de produits diversifié

Principalement connue pour la vente de cigarettes, l’industrie du tabac vend chaque année environ 5 milliards de cigarettes. Malgré les déclarations des grandes entreprises sur leur intention de se détourner des cigarettes, ces produits restent leur pilier, ce qui laisse supposer qu’elles continueront à se concentrer sur ces produits, à moins que des mesures réglementaires n’interviennent.

Outre les cigarettes, l’industrie tire profit d’autres produits du tabac qui ont des répercussions inquiétantes sur la santé. Les bidis, principalement produits en Inde, et le snus, un tabac sans fumée, font partie des produits de substitution qui créent une dépendance et comportent des risques importants pour la santé. Les produits du tabac chauffés représentent le dernier ajout à la collection de produits de l’industrie du tabac. Ces appareils électroniques, dont l’IQOS de Philip Morris International, chauffent le tabac au lieu de le brûler et sont commercialisés en tant qu’options de réduction des risques, malgré l’insuffisance des données sur leur impact à long terme sur la santé.

En outre, l’industrie commercialise également des mécanismes d’administration de nicotine qui ne contiennent pas de tabac, tels que les e-cigarettes et les sachets de nicotine. Les recherches actuelles indiquent que ces produits sont promus auprès d’un public plus jeune, ce qui pourrait favoriser l’apparition de nouvelles générations de personnes dépendantes de la nicotine en présentant ces produits comme des accessoires de style de vie moderne. Aujourd’hui, plusieurs pays, dont le Royaume-Uni, imposent une réglementation en matière de consommation d’e-cigarettes aux citoyens.

Les autres activités de l’industrie du tabac

La portée de l’industrie du tabac s’étend au-delà de la fabrication et de la vente directes de produits. Elle est fortement impliquée dans le financement de recherches scientifiques fallacieuses, dans le lobbying auprès des décideurs politiques et dans la conduite d’activités déguisées en responsabilité sociale des entreprises – des tactiques visant à préserver sa position sur le marché et à faire dérailler les efforts de santé publique.

Les rapports faisant état de l’implication de l’industrie dans le commerce illicite du tabac ont encore compliqué son image publique. Ce marché illégal répond à de multiples objectifs pour l’industrie, notamment celui de s’implanter sur de nouveaux marchés et d’échapper aux réglementations relatives à la lutte antitabac.

Le plus déconcertant est peut-être que l’industrie s’est aventurée dans le secteur pharmaceutique. L’acquisition, par Philip Morris International, de Vectura, une société produisant des inhalateurs pour traiter les maladies liées au tabac, illustre l’évolution stratégique de l’industrie pour diversifier ses sources de revenus et s’aligner superficiellement sur les initiatives de santé, en occultant le rôle qu’elle joue en causant des millions de décès chaque année.

Défis et actions contre l’industrie du tabac

La lutte mondiale contre l’industrie du tabac exige vigilance et intervention. L’industrie a toujours montré qu’elle donnait la priorité aux intérêts financiers plutôt qu’au bien-être public, en particulier dans des pays en développement et de leur environnement réglementaire.

Les gouvernements nationaux adoptent déjà diverses stratégies, telles que l’augmentation des taxes sur le tabac, les restrictions en matière de marketing et l’interdiction de fumer en public, afin de réduire la consommation de tabac. Cependant, ces mesures doivent être renforcées et appliquées de manière plus stricte, en particulier pour les signataires de la convention-cadre pour la lutte antitabac qui doivent respecter les engagements pris dans le cadre du traité.

Des politiques solides de lutte antitabac peuvent réduire considérablement la consommation de tabac, ce qui se traduira par une amélioration de la santé publique et de la productivité de la société. Révéler les véritables motivations de l’industrie du tabac est devenu de plus en plus possible grâce au travail concerté des chercheurs, des activistes et des dénonciateurs, ce qui permet d’avoir des perspectives plus éclairées sur les mécanismes internes du secteur du tabac et sur son influence plus large.