En 2018, la majorité des nouveaux cas d’hépatite B déclarés dans l’Union européenne et l’Espace économique européen ont été classés comme des infections chroniques. La prévalence de cette maladie a poursuivi une tendance haussière depuis une décennie.
L’hépatite recule dans sa forme aiguë…
Selon les données de surveillance disponibles pour les pays de l’Union européenne et de l’Espace économique européen pour 2018, la transmission de l’hépatite B se poursuit et les cas continuent à être importés vers de nombreux pays européens. Des données incomplètes ainsi que des systèmes et pratiques de surveillance nationaux peu performants empêchent toutefois toute analyse épidémiologique détaillée des données communiquées. La majorité des pays de l’Union et l’Espace Économique européen ont régulièrement fait état d’une baisse du nombre d’infections aiguës à l’hépatite B, passant de 1,2 à 0,7 pour 100 000 habitants entre 2007 et 2018. Cela reflète les tendances mondiales globales et est très probablement le résultat de programmes nationaux de vaccination réussis. Dans ces pays, la proportion d’infections aiguës par l’hépatite B chez les personnes de moins de 25 ans est tombée d’un cinquième en 2007 puis d’un dixième en 2018. La proportion de cas chroniques de moins de 25 ans est également passée d’un cinquième en 2007 à un dixième en 2018.
…mais sa forme chronique augmente dangereusement
Au cours de la même période, le nombre total de diagnostic de cas d’hépatite B chronique a progressé de 30% en 10 ans. La population la plus concernée reste toujours celle des 25 à 35 ans. Dans l’ensemble, les données communiquées sur l’hépatite B chronique semblent refléter l’intensité des politiques locales de dépistage. Les pays qui ont mis en place des programmes complets de dépistage semblent donc avoir les taux de notification les plus élevés. Le nombre élevé d’infections chroniques en provenance d’Europe du Nord a une forte influence sur les tendances avec, par exemple, 64 % des cas d’hépatite B chronique en 2018 notifiés par le Royaume-Uni.
Forcément, les données manquantes faussent les conclusions
Les données sur la transmission sont essentielles à la compréhension de l’épidémiologie de l’hépatite B. Cependant, l’information sur le mode de transmission n’était complète que pour environ un tiers des cas aigus déclarés en 2018 et seulement 12% des cas chroniques déclarés. Il est donc peu probable que les données soient pleinement représentatives, et les tendances observées et les différences entre les pays sont difficiles à interpréter. Pour les plus de 700 cas aigus pour lesquels l’information était complète, la transmission hétérosexuelle était le plus souvent signalée, suivie de la transmission nosocomiale, des rapports homosexuels, des blessures non professionnelles et de l’injection de drogues. L’Italie et la Pologne représentaient les trois quarts des cas aigus attribués aux infections à l’hépatite B.
Lorsque cette information était disponible, la transmission de la mère à l’enfant ainsi que celle dans les établissements de soins de santé étaient les voies les plus souvent signalées pour l’hépatite B chronique. Par exemple, la Pologne a signalé plus de 89% des cas chroniques liés à la transmission nosocomiale. L’influence de la migration sur l’épidémiologie de l’hépatite B souligne la nécessité pour les pays d’élaborer des interventions de dépistage fondées sur des données probantes qui ciblent les communautés migrantes les plus touchées. Il souligne également l’importance du suivi des indicateurs de surveillance de routine de la migration. Le nombre relativement élevé d’hépatites B signalés en 2018 ainsi que la diversité des voies de transmission signalées en Europe, laissent penser que les pays doivent maintenir et renforcer les programmes locaux de prévention et de lutte contre l’hépatite. Le plan d’action européen de l’Organisation mondiale de la santé pour la réponse du secteur de la santé aux hépatites virales décrit les moyens d’y parvenir. Sur la base des informations tirées de la base de données sur la prévalence des maladies infectieuses, les autorités peuvent identifier les principaux groupes de population et les zones à forte prévalence de l’hépatite pour des efforts ciblés.