Il semblerait que les retombées économiques négatives du Brexit commencent à émerger, trois ans après la décision de la Grande-Bretagne de quitter l’Union européenne.
Le baromètre du Brexit se stabilise dans le négatif
Jusqu’en décembre dernier, les prévisions alarmistes s’étaient largement révélées fausses. C’est en tout cas ce que révélait le baromètre du Brexit, qui a montré une belle résilience de l’économie britannique dans les 28 premiers mois qui ont suivi le référendum de 2016. Ainsi, le pire scénario de récession envisagé par le Fonds monétaire international a été évité, et le taux de chômage outre-manche n’a jamais été aussi bas en 45 ans, se stabilisant sous la barre symbolique des 4%. Seulement voilà. Depuis l’été 2018, le baromètre a stagne, puis baissé, passant de perspectives moyennes à négatives. Ce fléchissement est arrivé à peu près au moment où l’impasse politique s’est révélée au grand jour, coûtant par ailleurs à Theresa May son poste de première ministre. Au cours des trois dernières années, le baromètre est resté dans les zones « nuageuses », « partiellement nuageuses » voire « partiellement ensoleillées », avec de bien meilleures perspectives comparativement à la semaine qui a précédé le référendum. Sur les 215 jours qui ont montré des perspectives négatives, 155 sont en 2019, et l’année n’en est encore qu’à sa moitié.
Les entreprises amenées à investir sont les plus lésées
Les signes de difficultés à venir se manifestent dans les quatre composantes de l’indice : l’activité économique, l’emploi, l’inflation et l’incertitude. Bien que les mesures générales de l’activité et de l’emploi soient restées assez robustes jusqu’en 2018, elles ont affiché une tendance à la baisse au cours des derniers mois. On s’attend à ce que le produit intérieur brut diminue au deuxième trimestre, ce qui serait la première contreperformance depuis 2012. La croissance devrait reprendre au trimestre suivant. Et même si l’inflation a diminué par rapport au sommet atteint à la fin de 2017, elle reste volatile et incertaine. Le baromètre a été mis au point pour fournir une lecture plus large et en temps réel de la santé de l’économie britannique dans le contexte d’un Brexit compliqué. Si l’on se fie à des enquêtes d’opinion à court terme, on a légèrement surestimé l’effondrement qui a suivi le référendum et sous-estimé le taux de croissance du PIB du pays au cours de la période. Mais les premières analyses avaient vu juste sur un point important : l’incertitude, notamment pour les entreprises amenées à prendre des décisions d’investissement et d’embauche à long terme.
Plus récemment, les turbulences politiques en cours ont dopé la volatilité du marché boursier et des taux de change « Livre sterling – Euro » à un niveau suffisamment élevé pour plomber la compétitivité économique des entreprises britanniques. Ailleurs dans l’économie, les accords de prêts hypothécaires ont diminué et le déficit commercial du pays s’est creusé. Même si le baromètre donne un aperçu sur la santé économique du Royaume-Uni, certains indicateurs individuels peuvent donner un aperçu de la façon dont le pays a traversé les trois dernières années, après le « Oui » en faveur du Brexit. La situation est relativement contrastée, avec une légère dévalorisation de la livre sterling et un raffermissement de la croissance. Le pays doit rassurer les entreprises dans les prochains mois alors que les conservateurs choisissent un nouveau premier ministre qui dirigera le Royaume-Uni à l’extérieur de l’UE d’ici le 31 octobre. Ce n’est qu’après l’épisode Brexit, en supposant que l’échéance soit respectée, que les Britanniques sauront si leur pays a fait le bon choix… pour peu qu’il y ait un « bon » choix dans l’équation !