C’est un anniversaire particulièrement morne pour la « trêve commerciale » de juillet 2018 entre le Président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et le Président américain Donald Trump. Les progrès n’ont pas vraiment été au rendez-vous dans les négociations commerciales entre les Etats-Unis et l’Union européenne.
La collaboration ultra-intégrée entre les Etats-Unis et l’UE remise en question
Au fil des décennies, l’Union européenne et les États-Unis ont tissé des liens économiques, commerciaux et d’investissement très étroits, aboutissant même par moment à une collaboration ultra-intégrée. Chaque année, les États-Unis exportent environ 580 milliards de dollars en biens et services vers l’UE et en importent environ 690 milliards. Les services sont devenus une composante importante des flux commerciaux transatlantiques, représentant un commerce bilatéral estimé à environ 460 milliards de dollars, dans lequel les États-Unis affichent un excédent commercial de 70 milliards de dollars. Le commerce des marchandises représente toutefois l’essentiel des échanges, soit plus de 810 milliards de dollars. L’UE enregistre un excédent commercial d’environ 180 milliards de dollars dans le commerce bilatéral de marchandises.
Outre l’intégration profonde du commerce et des économies, plusieurs dynamiques économiques de longue date affectent les relations transatlantiques et entravent leur expansion. Il s’agit notamment du fait que le commerce est beaucoup plus important pour l’économie européenne que pour l’économie américaine, du rôle crucial du dollar américain en tant que principale monnaie de réserve et de règlement des transactions commerciales au niveau mondial et des désaccords sur certains aspects des obstacles non tarifaires au commerce. Des différends politiques ont toujours existé entre les deux parties, mais ils semblent plus fréquents et plus virulents aujourd’hui.
Lever les barrières tarifaires et non tarifaires pour relancer la machine
L’actuel dialogue commercial entre les États-Unis et l’UE découle d’une déclaration conjointe du président américain Donald Trump et du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker en juillet 2018, dans laquelle ils ont convenu de travailler ensemble pour lever les droits de douane, les barrières non tarifaires et les subventions sur les produits industriels non automobiles. D’autres aspects de l’accord comprenaient le désir de l’UE d’acheter davantage de gaz naturel liquéfié et de soja aux États-Unis.
Les États-Unis n’ont pas, dans le cadre de cet accord, éliminé ou réduit les droits de douane existants sur l’aluminium et l’acier qu’ils ont imposés à un grand nombre de partenaires commerciaux mondiaux, dont l’UE, depuis mars 2018. Washington n’a pas non plus écarté de la table la perspective de nouveaux tarifs douaniers sur les voitures et les pièces automobiles européennes. Dans tous ses dialogues commerciaux en cours (Chine et libre-échange nord-américain « ALENA » notamment), l’administration Trump s’est réservée le droit de décider unilatéralement quand les principaux tarifs seront imposés, réduits ou éliminés, à sa seule discrétion et souvent sans préciser les conditions devant être remplies par le partenaire commercial. L’évaluation par le président de progrès suffisants dans les négociations semble être un critère clé dans de telles décisions.
L’imprévisibilité de l’administration Trump inquiète les Européens
Nous approchons donc du premier anniversaire de l’accord Trump-Juncker sans progrès significatifs sur les objectifs énoncés. Les États membres de l’UE ont donné le feu vert à la Commission européenne pour entamer des négociations avec les États-Unis sur les produits industriels (à l’exclusion des produits agricoles) et sur la suppression des exigences lourdes en matière d’évaluation de la conformité lorsque cela est possible. Pour l’heure, il n’y a tout simplement rien à signaler sur l’avancée de ces pourparlers.
Outre la question de savoir si l’agriculture devrait être incluse dans les négociations, un autre obstacle au progrès est venu du Pays de l’Oncle Sam qui menace régulièrement de mettre en place des droits de douane allant jusqu’à 25 % sur les voitures et les pièces automobiles européennes. Bien que Trump ait récemment reporté sa décision sur les tarifs avec une nouvelle date butoir fixée au 13 novembre, l’administration pourrait les percevoir à tout moment d’ici là si cela est politiquement opportun ou si elle n’est pas satisfaite du rythme des discussions. Du côté américain, plusieurs dialogues commerciaux simultanés détournent l’attention des négociations avec l’UE. Les tensions avec la Chine et le différend relancé avec le Mexique semblent plus médiatisés sur les négociations avec l’UE.