Partout dans le monde, les gouvernements remettent de plus en plus en question l’autonomie de leurs banques centrales, mettant en péril « les règles du jeu ». L’indépendance des banques centrales occidentales est-elle menacée ?
Rome et Washington défient leurs Banques Centrales respectives
Début juin, un rapport indépendant a accusé le président Donald Trump de vouloir trouver un moyen légal pour « rétrograder » le président de la Réserve fédérale américaine. Il faut dire que Trump a très souvent critiqué publiquement les décisions de la politique monétaire prises par la Réserve fédéral, les qualifiant de trop « frileuses ». En Italie, le gouvernement d’extrême droite a préparé un projet de loi qui donnerait au gouvernement des pouvoirs supplémentaires sur la nomination des membres de la Banque Centrale d’Italie. La coalition actuelle entre le Mouvement « Cinq étoiles », de gauche, et le parti de droite Lega, a également critiqué publiquement le gouverneur de la banque des banques italiennes. Trois raisons seraient à l’origine de la défiance envers les banques centrales occidentales : la surveillance bancaire, la politique monétaire non conventionnelle et les normes de conduite. Le président de la Fed a répondu aux rumeurs sur son limogeage imminent en réaffirmant son intention d’aller au bout de son mandat de quatre ans. Il a également réitéré la détermination de la Fed à protéger son indépendance du contrôle politique pour servir les intérêts suprêmes de la nation.
Le duel Trump/Drahi menace la stabilité monétaire
Du côté de Rome, un rapport récent laisse penser que le gouvernement envisage de mettre un terme au mandat du gouverneur de la banque centrale, l’accusant de mal superviser les banques du pays. Le système bancaire italien a connu différentes recapitalisations ces dernières années à la suite de la crise de la dette souveraine de 2011. Plus tôt cette semaine, le président Trump a également critiqué le président de la Banque centrale européenne, lorsque ce dernier avait prononcé un discours en faveur de la dépréciation de l’euro par rapport au dollar. Pour Trump, le président de la BCE faciliterait injustement la tâche des concurrents commerciaux des États-Unis. Le président de la BCE a répondu aux remarques de Trump en expliquant que le mandat et l’objectif de la banque centrale sont d’assurer la stabilité des prix et non de manipuler les taux de change. Plus généralement, il y a également eu des conflits entre les gouvernements et les banques centrales en Inde et en Turquie.
Le grand public attend un contrôle plus poussé des Banques Centrales
Les présidents dits « populistes » semblent décidés à influencer la politique monétaire de leurs pays, mais se heurtent à la puissance du système financier qui ne répond pas à l’exécutif. On se dirige vers un accroissement de la pression sur les gouverneurs des banques centrales de la part des gouvernements populistes qui semblent avoir trouvé une nouvelle cible : la finance. Depuis la crise des subprimes, les politiques des banques centrales et leur impact sur les citoyens en général font l’objet d’une grande attention, et le grand public semble plaider en faveur d’un contrôle plus poussé pour éviter les dérives.