Comme dans tous les continents, les tendances démographiques dans les pays de l’UE sont hétérogènes et varient parfois du simple au double. Cependant, une tendance peut être dégagée depuis la création de l’Union Européenne : la part globale du Vieux Continent dans la population mondiale continuera de diminuer, et l’âge moyen de la population européenne restera longtemps le plus élevé dans toutes les régions du monde. Le vieillissement de la population et la baisse des taux de fécondité seront, avec le réchauffement climatique, les principaux défis des pays de l’Union Européenne dans ce millénaire… des problématiques à mettre en perspective avec les flux migratoires entrants.
Démographie de l’Union Européenne : l’inévitable vieillissement de la population
Ce siècle sera marqué par d’énormes bouleversements démographiques en Europe. Et selon les moyennes internationales que fournit l’ONU annuellement, l’Europe est une exception : si la population mondiale continuera d’augmenter dans tous les continents d’ici 2100, avec des pics en Afrique et dans certains pays de l’Asie, elle stagnera ou régressera légèrement sur le Vieux Continent. Le vieillissement et la décroissance démographique ne suivront pas le même rythme partout en Europe. Ces phénomènes seront inégalement répartis dans les différentes régions de l’Europe. La part de l’Europe dans la population mondiale est passée de 13,5 % en 1960 à moins de 8 % en 2015. Cette tendance va se poursuivre, puisque les prévisions de l’OCDE estiment à moins de 5 % la part des Européens dans la population mondiale à l’horizon 2050.
L’espérance de vie de la population mondiale augmente depuis des décennies, grâce notamment aux progrès socio-économiques et médicaux. Dans l’Union européenne, selon une étude récente de l’Eurostat, une fille née en 2018 aura une espérance de vie moyenne de 84 ans (contre 77,5 ans pour un garçon). En Europe, ce sont les femmes espagnoles qui ont la plus longue espérance de vie, avec une moyenne d’environ 86 ans, suivies des femmes françaises (85,4 ans) et suisses (84,9 ans). La dernière place de ce classement est occupée par la Bulgarie, avec une espérance de vie féminine moyenne de 78 ans. Cette tendance haussière impacte donc le vieillissement de la population de l’Union Européenne. Ainsi, environ 96 millions de personnes avaient 65 ans ou plus en 2017, soit 19 % du total des 508 millions de citoyens de l’UE. Même en Irlande, où seulement 13 % de la population a plus de 65 ans, le vieillissement s’accélère depuis une décennie.
L’âge moyen de la population de l’Union Européenne
Les experts de la démographie évoquent une « transition épidémiologique », puisque les principales causes de décès dans la population européenne ont drastiquement changé. Les épidémies étaient les principales causes de décès depuis le 18e jusqu’au milieu du 19e siècle. Plus tard, au 20e siècle, de moins en moins de personnes sont mortes de maladies infectieuses. Les accidents, le cancer et les maladies cardiaques ont donc pris le « relais » en Europe. Aujourd’hui, et parallèlement au vieillissement de la population, ce sont logiquement les maladies dégénératives liées à l’âge comme la démence ou l’insuffisance cardiaque qui tuent le plus. Cette tendance se poursuivra dans tous les pays européens au cours des prochaines décennies. En 2017, l’âge moyen de l’ensemble de la population européenne était légèrement inférieur à 42 ans, soit plus que n’importe quelle autre région de la planète. Le Département de l’économie et des affaires sociales des Nations Unies (DESA/ONU) estime que l’âge moyen dans l’Union Européenne atteindra 46 ans en 2050 et 47 ans à la fin du siècle.
Eurostat a calculé l’évolution démographique des différentes régions qui composent l’Europe à l’horizon 2030. L’organisme estime que le nombre d’habitants augmentera dans plus de 65 % des régions à court terme. Et dans presque tous les cas, « les gagnants » sont des pays qui affichent déjà une composition démographique favorable, une bonne infrastructure de santé et des conditions économiques et climatiques positives. Il s’agit de Chypre, de la Belgique, de la Norvège, de la Grande-Bretagne, de Malte, du Luxembourg, de l’Irlande et de la Suisse. Les zones les plus densément peuplées comme l’Autriche, la République tchèque, l’Espagne, la Finlande, la France, la Grèce, l’Italie, les Pays-Bas, le Portugal, la Suède et la Slovénie sont également sur le « bon » côté de la croissance démographique. Toutefois, toujours selon Eurostat, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie, pays baltes, et dans une moindre mesure la Bulgarie, la Roumanie, la Hongrie, la Pologne, l’Allemagne et la Slovaquie perdront des habitants. Même dans les états de décroissance, l’Union Européenne devra s’attendre à l’accroissement de la population urbaine ou, à minima, une baisse beaucoup plus lisse dans les villes.
Les différentes études qui s’intéressent à la démographie de l’Union Européenne montrent un fossé marqué entre l’est et l’ouest. Les États de l’est, qui étaient derrière le rideau de fer jusqu’en 1990, seront probablement les principaux perdants de la (dé)croissance démographique de l’Europe dans un avenir proche. La situation économique incertaine après 1990 a conduit à un effondrement spectaculaire des taux de natalité. La Pologne par exemple, qui a l’un des taux de fécondité les plus bas au monde avec moins de 1,33 enfant par femme, en est un exemple parfait.