Décidément, et c’est une constante depuis l’élection de Donald Trump, les relations bilatérales entre les États-Unis et l’Union européenne alternent le chaud et le froid. Dernier épisode en date : le président américain accuse la Banque centrale européenne (BCE) de dévaluer l’euro pour obtenir un avantage concurrentiel sur les États-Unis.
Mario Draghi apaise les marchés financiers
Pour le président Trump, l’économie a toujours été un jeu à somme nulle : si un pays progresse, c’est forcément au détriment des États-Unis. Ce point de vue a une nouvelle fois été confirmé il y a quelques semaines, lorsque M. Trump a accusé la Banque centrale européenne d’essayer de soutenir l’économie européenne et d’affaiblir sa monnaie pour obtenir un avantage concurrentiel sur les États-Unis. M. Trump a adressé ses critiques à Mario Draghi, président de la BCE. Ce dernier avait en effet laissé entendre que des mesures de relance étaient en préparation pour aider l’UE à relever les défis économiques auxquels elle est confrontée, notamment face aux menaces protectionnistes croissantes découlant de la guerre commerciale que M. Trump a lancée. Ces commentaires ont entraîné une reprise des marchés financiers européens et une forte baisse de l’euro face au dollar.
Dans une série de tweets, M. Trump a accusé le patron de la BCE d’avoir délibérément fait baisser la valeur de l’euro pour concurrencer « injustement », les États-Unis, « comme le fait la Chine et d’autres pays », toujours selon le président américain. S’adressant aux journalistes de la Maison-Blanche, Trump a expliqué que l’UE « s’en tirait à bon compte ». Il faut dire que la vision de la politique économique de Donald Trump est particulièrement étroite, parfois cynique, puisque les mesures prises par les uns et les autres ne sont perçues qu’à partir du prisme de leur impact sur les États-Unis. Trump considère en effet les tentatives des pays tiers pour aider leur économie comme allant à l’encontre des intérêts de son pays. Il n’a cessé d’accuser la Réserve fédérale de désavantager les États-Unis par rapport à la Chine, à l’Europe et à d’autres pays en haussant les taux d’intérêt et a exhorté la Fed à prendre des mesures pour renforcer l’économie américaine, notamment en réduisant les taux et en activant les programmes de relance pendant la crise.
Trump et Xi Jinping campent sur leurs positions
Les luttes commerciales de M. Trump se sont intensifiées au cours des dernières semaines, ce qui a amplifié le risque d’un ralentissement. Il a par ailleurs menacé d’imposer des droits de douane sur les produits mexicains avant de les annuler et a donné six mois au Japon et à l’Europe pour conclure un accord commercial avec les États-Unis ou faire face à des droits de douane sur les automobiles. Après l’échec des négociations commerciales avec la Chine, M. Trump a augmenté les droits de douane sur 200 milliards de dollars de marchandises chinoises et a déclaré qu’il imposerait une taxe supplémentaire de 300 milliards de dollars si lui et le président chinois Xi Jinping n’arrivaient pas à un compromis. Les deux dirigeants doivent s’entretenir lors d’une réunion du G 20 plus tard dans l’été, mais les observateurs s’attendent à ce que Trump et Xi Jinping campent sur leurs positions respectives, sauf coup de théâtre.
La Fed dans le viseur de l’administration Trump
Dans la foulée, M. Trump a suggéré qu’il envisagerait de rétrograder le président de la Fed si la Banque centrale américaine ne prenait pas également des mesures d’assouplissement. La Fed a toutefois annoncé que les taux allaient rester inchangés. Toutefois, de nombreux économistes s’attendent à ce que les responsables de la Fed répondent favorablement aux demandes répétées de Trump, surtout si le ralentissement de l’économie mondiale et l’escalade des tensions commerciales menacent les perspectives de croissance aux États-Unis. Il y a quelques mois à peine, les banques centrales mettaient un frein à la croissance rapide de leurs économies ou, dans le cas de la Banque centrale européenne, aux mesures d’urgence mises en place lors de la dernière crise. Mais aujourd’hui, les responsables de la politique monétaire font marche arrière face aux nouvelles menaces qui pèsent sur la croissance, notamment la guerre commerciale de M. Trump, l’escalade de la tension entre les États-Unis et l’Iran et la crainte d’une récession.